VOILE: Vendée Globe. Le point par le PC Course en ce vendredi matin.

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Anticyclone, tu perds ton sang-froid

On aurait été surpris que la vie reste une longue ligne droite tendue vers l’objectif. Enfin, un peu de sinuosité dans ce monde d’efficacité rectiligne ! Si la bataille des recalages fait rage dans la première moitié de la flotte, qui voit gonfler dangereusement l’anticyclone de Saint-Hélène dans son Sud, la deuxième moitié a sorti le spi pour glisser derrière lui et se positionner stratégiquement en vue du futur vent… Car oui décidément, « les grosses bourdes sont là, sur l’échiquier, attendant d’être commises. »

Commençons par l’essentiel : ils sont tous dans le Sud ! A 20 h 49 TU – « temps universel », pour les enfants qui nous lisent, car on le rappelle que nos marins se déplacent tellement sur la planète qu’ils changent d’heure comme de chemise, et que parler en « TU » permet ainsi de remettre les pendules à l’heure, si l’on puit dire -, Szabolcs Weöres (New Europe, 39e) a franchi l’Equateur. Le héros des Canaries, contraint de mouiller dans la baie de Las Palmas pour réparer ses voiles, poursuit ainsi sa longue route qui s’était pourtant mal engagée, prouvant qu’à cœur vaillant, et avec deux-trois notions de couture, rien n’est impossible !

Ils sont donc tous dans le Sud, et c’est aussi du Sud que, pour le gros de la flotte, vient le chambardement ! Après avoir été écrasé par la dépression, l’anticyclone de Sainte-Hélène, cette zone de haute pression caractéristique de l’Atlantique Sud, est de retour dans le jeu, bien décidé à rappeler les marins à leurs bonnes manœuvres. 

Ainsi donc cette dix-neuvième nuit en mer (on verra si on arrive encore à tenir le fil sur la durée, déjà qu’on n’a plus assez de doigts pour compter) fut l’occasion de nombre d’empannages. Tête en haut, tête en bas : nous qui avions laissé notre flotte bien rangée à la queue-leu-leu vers le Cap de Bonne Espérance la retrouvons au petit matin lancée dans de sacrés déhanchés ! 

Régate bien groupée

Car oui, la dépression suivante arrive, et sera bien à l’heure pour cueillir le groupe mené par Arnaud Boissières (La Mie Câline, 20e) et Louis Duc (Fives Group -Lantana Environnement, 21e) qui, sur son bateau à dérives de 2006, montre tout l’étendue de son talent. Car c’est une régate d’une redoutable intensité qui se joue dans ce paquet encore bien serré, où ce n’est pas tant la vitesse que le placement qui permet de prendre l’ascendant. Ce n’est pas parce qu’on est lancé dans un tour du monde qu’on en oublie ses réflexes de régatier !