Coup d’œil dans le rétro avec une synthèse depuis le début du Vendée Globe.

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Coup d’œil dans le rétro du Vendée Globe.  (Photo avant départ en 2008)

Alors que se déroule actuellement la 9e édition du Vendée Globe, course en solitaire sans escale autour du Monde, avec départ et arrivée aux Sables d’Olonne on vous propose de faire un coup d’œil dans le rétro.

Ce défi planétaire sur les océans allait commencer en 1968 avec le Golden Globe. Ce qui est l’ancêtre de la course actuelle. A cette époque, sur neuf inscrits, seul un skipper allait franchir sa ligne d’arrivée. En fait il n’y avait pas de départ collectif et chacun pouvait choisir son port de départ et arrivée. C’est l’Anglais Robin Knox-Johnston sur son Ketch de 10 mètres qui remportait l’épreuve.

Philippe Jeantot, de retour aux Sables allait s’entourer de sponsors et de l’aide du Conseil Général de Vendée pour monter ce défi de la mer qui est aujourd’hui le « Vendée Globe » et qui lâche les amarres tous les 4 ans. Pour la première édition en 1989, ils seront 13 skippers à s’élancer dans cette folle aventure autour du monde et sans escale, réservée aux monocoques de 60 pieds. Le principe, partir de Port Olona aux Sables, avec retour en passant par les trois caps que sont : Bonne Espérance, Leeuwin, cap Horn pour remonter vers la Vendée. (Photo Philippe Jeantot)

Philippe Jeantot

1989/90.

13 skippers au départ pour cette idée folle, un saut dans l’inconnue. C’est Titouan Lamazou qui s’imposera en 109 jours 8h 48 mn. On se souviendra du sauvetage de Philippe Poupon par Loïck Peyron, ce premier ayant chaviré et à l’aide d’un cordage Loïck Peyron allait relever le bateau et il terminera pourtant second de la course devant Jean Luc Van Den Heede. Poupon lui a dû abandonner. Autre favori, Jean-Yves Terlain qui démâte. L’Américain Mike Plant demande assistance en Nouvelle-Zélande, Guy Bernardin est terrassé par une rage de dents, Bertie Reed abandonne sur avarie de safran. Du Grand Sud, Philippe Jeantot dira : « Pendant dix jours nous avons avancé à fond dans un champ d’icebergs, avec le risque d’en taper un »

  1. Titouan Lamazou (Fra, Ecureuil d’Aquitaine II) : 109 jours 8 heures 48 minutes 50 secondes
  2. Loïck Peyron (Fra, Lada Poch) : 110 j 01h18’06 »
  3. Jean-Luc Van den Heede (Fra, 36.15 MET) : 112 j 01h14’00 »
  4. Philippe Jeantot (Fra, Crédit Agricole IV) : 113 j 23h47’47 »

1992/93.

2e édition et 14 skippers au départ. Philippe Jeantot a mis sac à quai pour prendre l’organisation du Vendée Globe. La course allait être difficile dans le Golfe de Gascogne, Vagues énormes, vents à plus de 45 nœuds et premières avaries. Vittorio Mallingri rentre au port, puis Thierry Arnaud. Philippe Poupon, lui, craint un problème de structure sur sa quille et c’est pire pour le bateau d’Yves Parlier, un des favoris, qui démâte ! Tous repartiront. Autre favori au tapis, Loïck Peyron sur Fujicolor III, c’est l’abandon ! Puis dans les mers du Sud, Bertrand De Broc subissait un choc de sa bôme, d’où la langue coupée. Cela restera dans l’histoire du Vendée Globe car c’est par fax et sur recommandation du docteur Chauve que Bertrand allait se recoudre devant un miroir. La poisse pour De Broc qui doit abandonner plus tard après que les architectes aient signalé un risque de perdre la quille pour cause de boulons défaillants. On comptera 5 abandons et la disparition de Nigel Burgess (G.B, Nigel Burgess Yacht Brokers), retrouvé noyé dans le golfe de Gascogne.  Après un duel mano à mano Alain Gautier l’emportait en 110 J 2h et 22’ sur Van Den Heed alors que Philippe Poupon promis à la seconde place démâtait avant l’arrivée.

  1. Alain Gautier (Fra, Bagages Superior) : 110 jours 02 heures 22 minutes et 35 sec
  2. Jean-Luc Van Den Heede (Fra, Groupe Sofap-Helvim) : 116j 15h 01’11 »
  3. Philippe Poupon (Fra, Fleury-Michon X) : 117j 03h 34’24 »
  4. Yves Parlier (Fra, Cacolac d’Aquitaine) : 125j 02h 42’24 »

1996-97.

Cette troisième édition, avec 15 skippers au départ, allait être marquée par de nombreux naufrages comme celui de Raphaël Dinelli sauvé miraculeusement par Pete Gosse ou encore Thierry Dubois et Tony Bullimore récupéré par la marine australienne. Mais le pire allait être la disparition du Canadien Gery Roufs, qui était second de la course sur son Groupe LG nouvelle génération, et dit insubmersible, derrière Christophe Auguin. C’est dans le grand Sud, avant d’arrivée sur le Cap Horn que le skipper n’a plus donné de nouvelle. Gery Roufs ne répondait plus. Le 7 janvier, la balise de son bateau, Groupe LG 2, cesse d’émettre. La veille, lors d’une conversation avec Isabelle Autissier, le Canadien a expliqué se trouver dans une tempête dantesque « avec des vagues qui n’en sont plus, qui sont hautes comme les Alpes » Dans cette zone hors de portée des secours, Isabelle Autissier se met en recherche, tout comme Marc Thiercelin, Eric Dumont et Bertrand de Broc. Tous les quatre vont méthodiquement quadriller une immense zone du Pacifique, mais leurs recherches resteront vaines et il faudra se résigner, Gery Roufs a disparu. Fin aout 1998, on retrouvera des morceaux de l’épave de Groupe LG2 échoués sur l’île d’Atalaya, au sud du Chili.

Ci-joint son dernier fax envoyé avant sa disparition et sa photo avant le départ.(Nous n’étions en 1997, pas les moyens techniques d’aujourd’hui)  

Dernier fax de Gerry RouffGery Roufs

Finalement c’est Christophe Auguin qui arrivera en vainqueur aux Sable en un temps de 105 j, 20h 31’. 2e Yves Parlier, 3e Marc Thiercellin. On se souviendra de la 4e place du Nazairien Eric Dumont (Café Le Gal-Le Goût) qui après bien des avaries, coque percée dans la descente vers le Sud puis bôme de fortune raboutée avec des cordages, a réussi à rejoindre les Sables. Deux femmes étaient dans la course, Isabelle Autissier et Catherine Chabot.

  1. Christophe Auguin (Fra, Geodis) : 105 jours 20h heures 31 minutes
  2. Marc Thiercelin (Fra, Crédit Immobilier de France) : 113j 08h26′
  3. Hervé Laurent (Fra, Groupe LG-Traitmat) : 114j 16h43′
  4. Eric Dumont (Fra, Café Legal-Le Goût) : 116j 16h43′ (Photo d’Eric Dumont sur son bateau et au retour de la course bôme réparée !!!! Wouahhh!)

Eric Dumont sur son voilier Café Legal-Le Goût.La bôme du bateau d'Eric Dumont 4e malgré tout.

2000-02.

Après un départ décalé pour cause de météo, ce sont 24 skippers qui s’élançaient dans cette 4e édition pour faire oublier celle d’avant et ses nombreux incidents, dont la disparition de Gery Roufs. Plusieurs nationalités et deux femmes dont Catherine Chabaud et Ellen Mac Artur. Côté organisation, on a revu l’amélioration de la sécurité, les coureurs regroupés en association IMOCA ont imposé des règles de construction et de sécurité plus strictes. Si Yves Parlier devait faire escale dans une baie pour bricoler un mât de fortune, en revanche Patrick De Radigues devait abandonner son bateau échoué sur la côte portugaise. Le Nazairien Eric Dumont est contraint à l’abandon avec ennui de safran. C’est Michel Desjoyeaux a des soucis de moteur pour produire l’énergie mais le « Prof » par un système D a bricolé et l’emporter en 93j 3h et 57’ non sans avoir lutté au retour avec une certaine jeune Anglaise Ellen Mac Artur de 24 ans.

  1. Michel Desjoyeaux (Fra, PRB) : 93j3h57’32 »
  2. Ellen MacArthur (G.B, Kingfisher) : 94j4h25’40 »
  3. Roland Jourdain (Fra, Sill Matines La Potagère) : 96j1h2’33 »
  4. Marc Thiercelin (Fra, Active Wear) : 102j20h37’49 »

2004-05.

Pour la 5e, 20 skippers au départ, Parmi eux, la fine fleur de la course au large française et sept étrangers venus du Royaume Uni, des Etats-Unis, d’Australie, de Suisse et d’Autriche. Au départ deux femmes Anne Liardet et Karen Leibovici qui seront à l’arrivée. Une descente avec une mer assez calme et après 6000 milles parcourus Riou et Le Cam ont réussi à engranger 300 milles d’avance sur un duo composé de Sébastien Josse et Roland Jourdain. Allait suivre ensuite un duel entre Vincent Riou et Jean Le Cam. Sébastien Josse lui heurtait un iceberg et fragilisait son safran. Hervé Laurent abandonne sur avarie de safran, Patrice Carpentier devra lui aussi s’arrêter pour réparer la bôme brisée, il terminera la course. L’Anglais Alex Thomson joue de malchance bôme cassée et trou sur le pont, déroutage et puis abandon. Il y aura quatre abandons et deux hors course. Le Cam passe le cap Horn en tête. C’est très souvent signe de victoire finale sur le Vendée Globe. Mais pas cette fois, la remontée de l’Atlantique Sud s’avère cruelle pour « Le Roi Jean » pris dans la nasse de l’anticyclone. Le final sera marqué par Mike Golding qui perd sa quille mais le Britannique n’abandonne pas et poursuit sa route « en dériveur », vers une troisième place plus que méritée. Tous pensaient que Jean Le Cam allait l’emporter mais c’est finalement Vincent Riou qui s’imposait en 87j 10h 47’.

  1. Vincent Riou (Fra, PRB) : 87j 10h 47’
  2. Jean Le Cam (Fra, Bonduelle) : 87j 17h 20’
  3. Mike Golding (GB, Ecover 2) : 88j 15h 15’
  4. Dominique Wavre (Sui, Temenos) : 92j 17h 13’
  5. Sébastien Josse (Fra, VMI) : 93j 17h 13’

2008-09.

6e édition et le Vendée Globe monte en puissance avec 30 skippers au départ dont 13 étrangers. Très vite les bateaux vont vivre un beau coup de tabac dans le golfe de Gascogne. Toute la flotte souffre et, très tôt, les avaries se multiplient. Kito de Pavant, le Britannique Alex Thomson, et Yannick Bestaven sont contraints à l’abandon dès le deuxième jour de course ! Le bateau de Marc Thiercelin, lui, démâte le lendemain, ruinant ses espoirs. La course par élimination fait déjà son œuvre. Cinq autres marins sont obligés de rebrousser chemin vers le port des Sables d’Olonne pour y effectuer des réparations, après plusieurs avaries subies dans les premières heures de course. C’est le cas notamment de Michel Desjoyeaux… qui parvient, certes à réparer, mais reprend la mer avec un handicap de 41 heures. En mer, tout va bien pour Loïck Peyron, qui confirme son statut de favori et passe l’équateur en leader. A l’entrée des Quarantièmes Rugissants, les écarts sont faibles et les leaders naviguent à vue. Derrière, Michel Desjoyeaux a déjà entamé son incroyable retour et revient à seulement une centaine de milles de la tête de course dans l’océan Indien. Les abandons se succèdent, Loïck Peyron et Mike Golding démâtent, pour Bernard Stamm c’est la catastrophe aux Kerguelen son bateau s’échoue sur les récifs alors qu’il envisageait un arrêt technique. Le Suisse, Dominique Wavre, est lui en délicatesse avec sa quille. Mais le drame arrive le 18 décembre, Yann Eliès, alors aux avant-postes, se brise le fémur et le bassin dans une manœuvre au Sud de l’Australie. Marc Guillemot se déroute par une mer démontée, pour venir lui porter secours, en attendant que la Marine Australienne ne vienne évacuer le skipper de Generali. Pas moins de 18 abandons au compteur. Michel Desjoyeaux poursuit sa remontée et passe le Cap Horn en tête devant Roland Jourdain. Il bat en 84j 03h09’ le record de Vincent Riou Armel Le Cléac’h, régulier s’offre une magnifique deuxième place.

  1. Michel Desjoyeaux (Fra, Foncia), 84 j 03h 09’
  2. Armel Le Cléac’h (Fra, Brit Air), 89j, 09h 35’
  3. Marc Guillemot (Fra, Safran), 95j 03h 19’
  4. Vincent Riou (Fra, PRB), réparation donnée
  5. Samantha Davies (GB, Roxy), 95j 04h 39’

2012-13.

Seulement 20 skippers seront au départ. Cette édition sera marquée par un duel entre deux jeunes loups de la mer, François Gabard le vainqueur et Armel Le Cleac’h qui feront exploser le record pour descendre en dessous des 80 jours, soit 78j 2h et 16’ et seulement 3h sur le second. L’Anglais Alex Thomson pointera son étrave en 80j 19h23’. Sous l’Australie, le duel est ahurissant entre François et Armel. Derrière eux, le désert !  Bernard Stamm doit faire halte dans l’archipel d’Auckland pour tenter de réparer ses hydro-générateurs, mais l’ancre de son « Cheminées Poujoulat » chasse et il est contraint de s’amarrer à un bateau scientifique russe pour ne pas s’échouer. Il réussira à boucler son tour du Monde mais hors course. Le 22 janvier, Jean-Pierre Dick annonce qu’il a perdu sa quille ! Alex Thomson se déroute pour éventuellement l’aider. Jean-Pierre Dick parviendra à sauver sa quatrième place devant Jean Le Cam.

  1. François Gabart (Fra, Macif), 78j 02h 16’
  2. Armel Le Cléac’h (Fra, Banque Populaire), 78j 05h 33’
  3. Alex Thomson (GB, Hugo Boss), 80j 19h 23’
  4. Jean-Pierre Dick (Fra, Virbac Paprec 3), 86j 03h 03’
  5. Jean Le Cam (Fra, Synerciel), 88j 00h 12’

2016-17.

Nous voici à la 8e édition et 29 skippers au départ donné par le Prince Albert de Monaco. Une flotte de chevronnés descend le Golfe de Gascogne dans des conditions idéales, puis fonce vers l’Equateur sur une mer clémente. Alex Thomson opte pour une traversée décalée du Pot-au-Noir et prend la tête entraînant une meute derrière lui comme Armel Le Cléac’h, Vincent Riou, Jérémie Beyou ou encore Sébastien Josse. Les premières casses se produisent à l’approche des mers du Sud. Quille endommagée pour Bertrand De Broc, puis pour Vincent Riou, safran pour Morgan Lagravières, Sebastien Josse a son foil cassé et Kito De Pavant voie d’eau et quille cassée menace de coulé, il est sauvé par le Marion Dufresne qui ravitaille les terres australes …… Au total il y aura 11 abandons dans cette édition. En tête tout va bien, Alex Thomson qui a passé le cap de Bonne Espérance en premier et les deux leaders sont en moins de 5 heures. Le 28 novembre, Armel Le Cléac’h prend la tête et creuse jusqu’à deux jours d’avance. Englué dans des calmes sous le vent de la Terre de Feu, il voit son avance fondre comme neige au soleil. Six jours après avoir passé le Horn, l’écart avec Alex Thomson n’est plus que de 150 milles, puis plus que 30 petits milles. Mais c’est au tour d’Alex Thomson de subir les caprices de la météo et être freiné. Petit à petit, l’écart se creuse de nouveau, mais Armel Le Cléac’h va rester sous pression jusqu’à la ligne d’arrivée qu’il franchira avec un nouveau record en 74 jours 3h et 35’.

Armel Le Cléa’h en conférence de presse aux Sables.

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  1. Armel Le Cléac’h (Fra, Banque Populaire) – 74J 03h 35mn
  2. Alex Thomson (GB, Hugo Boss) 74j 19h 35mn
  3. Jérémie Beyou (Fra, Maître CoQ) 78j 06h 39mn
  4. Jean-Pierre Dick (Fra, St Michel – Virbac) 80j 01h 46mn
  5. Yann Eliès (Fra, Quéguiner – Leucémie Espoir) 80j 03h 11mn
  6. Jean Le Cam (Fra, Finistère Mer Vent) 80J 04h 42mn.

La neuvième édition se joue actuellement avec un grand favori Alex Thomson sur son Hugo Boss, IMOCA dernière génération, et qui espère bien cette fois-ci accrocher le Vendée Globe à son palmarès. BON VENT !